MyTree - 29/08/2022

Les arbres morts sont des oasis de biodiversité

En apparence un arbre mort pourrait sembler inutile ? Détrompez-vous ! Il est au cœur d’un écosystème débordant de vie. L’arbre mort est même indispensable pour certaines espèces.

 

 

Un habitat pour la faune et la flore

La vie d’un arbre peut être résumée en quelques étapes :  la graine germe pour laisser pousser le jeune plant ; l’arbre se développe et atteint sa maturité ; puis l’arbre vieillit et meurt. Tout au long de sa vie, il est l’hôte de nombreux organismes en fournissant refuge et nourriture. Et cela ne s’arrête pas à la mort de l’arbre ! Cependant, gardons en tête que l’intérêt écologique d’un arbre mort varie entre les essences et le diamètre de l’arbre.

Un arbre mort a souvent plusieurs cavités. Elles constituent des habitats idéaux pour les oiseaux cavicoles (les oiseaux nichant dans les cavités). Certains creusent leurs galeries (les pics), d’autres nichent dans des galeries déjà creusées (mésanges, chouettes). Ces oiseaux se nourrissent de larves d’insectes logeant dans l’écorce. En hiver, la nourriture des pics repose sur les insectes vivant dans le bois mort. Les mammifères se réfugient dans les arbres morts. Les chauves-souris sont les plus dépendantes à ce type d’habitat mais on y retrouve des écureuils, des martres, des loirs, des mulots à colliers, etc.

A plus grande échelle, de petits insectes se logent dans les replis des écorces et à l’intérieur des cavités. Citons, par exemple, l’osmoderme, coléoptère saproxylique ou rosalie des Alpes, peu répandue et protégée en France. Ce bel insecte bleu pond ses œufs uniquement dans du bois dépérissant du hêtre mort. Un arbre mort, c’est la corne d’abondance pour les insectes et les microorganismes. La majorité des insectes n’attaquent pas le bois frais, ils consomment du bois partiellement décomposé par des bactéries et des champignons. Par ailleurs, les coléoptères sont aussi dépendants du bois mort dans le sens où les larves s’en nourrissent exclusivement et se développent dans le bois décomposé.

 

Rien ne se perd, tout se transforme !

A l’heure où la sylviculture ne laisse pas les arbres atteindre leur stade de vieillissement, les forêts manquent cruellement de bois morts, auquel s’ajoute la logique sylvicole du nettoyage de la forêt de toutes branches et souches mortes. Ainsi, nos forêts sont « ordonnées » mais appauvries. Et si nous laissions la nature s’en occuper ? En effet, il existe un merveilleux processus naturel pour faire disparaître les arbres morts : la décomposition.

La décomposition d’un arbre est un processus complexe impliquant de nombreux organismes. Un travail d’équipe qui commence par l’action des champignons xylophages (se nourrit de bois) puis des insectes saprophages (se nourrit de matière en décomposition). Souvent, la présence de la partie visible du champignon annonce la mort de l’arbre, le plus connu étant l’amadouvier. Vient ensuite le tour des microorganismes, à savoir les bactéries. Chaque essence a son propre cortège d’organismes adaptés à la décomposition de la lignine et de la cellulose (composants chimiques principaux du bois). Le délai de décomposition varie de quelques mois à quelques décennies en fonction des conditions climatiques, de l’espèce, du contact au sol, etc. En milieu tropical, la décomposition est 5 à 10 fois plus rapide qu’en milieu tempéré en raison de l’abondance des organismes décomposeurs.

Le fameux dicton, « Rien ne se perd, tout se transforme », se vérifie ! La décomposition en est le parfait exemple, tous les composants d’un être vivant sont recyclés pour servir au développement d’autres êtres vivants. Dans le cas de l’arbre, tous les nutriments retournent dans le sol, plus précisément dans l’humus et serviront à la croissance de nouvelles pousses.

La morale de cette réflexion ? Dans les haies ou en forêts, protégeons les arbres morts sous toutes ses formes, même sous forme de souche. Mis à part son manque d’esthétisme, un arbre mort compense par sa valeur écologique.