MyTree - 17/08/2022

Arbre : comment la sécheresse favorise la prolifération des ravageurs

Nous ne sommes pas les seuls à subir la sécheresse, les arbres aussi ! Affaibli, leur système de défense n’est plus suffisant contre les attaques d’insectes et de champignons. Zoom sur quelques ravageurs menaçant les forêts françaises.

 

 

La défense des arbres affaiblis

De nombreuses recherches ont mis en évidence le lien entre les sécheresses et la propagation des ravageurs des arbres. En effet, la combinaison du manque d’eau et des fortes températures mettent à mal le système de défense des arbres et ouvre donc la voie aux ravageurs et aux maladies. Les paramètres de la sécheresse (durée, intensité) font varier la sensibilité des arbres aux ravageurs.

 

Comment un arbre réagit-il durant une sécheresse ?

Feuillus ou épineux, ces espèces souffrent de l’absence d’eau dans le sol. Certaines y sont plus sensibles que d’autres, en particulier les résineux (épicéas, sapins et pins sylvestres). Une sécheresse entraîne le stress hydrique de l’arbre en plusieurs étapes successives :

  • Les stomates, ces ouvertures microscopiques sur l’épiderme des feuilles qui assurent l’absorption du CO2, se referment.
  • Les feuilles des arbres perdent leurs couleurs et tombent. Ce processus permet de limiter la perte de l’eau par les feuilles via l’évapotranspiration.
  • L’arbre stoppe la production de toute nouvelle pousse. L’arbre se contente alors de survivre en attendant l’arrivée de la pluie.
  • Si les ravageurs ont suffisamment colonisé l’arbre, ce dernier dépérit lentement et permettra aux larves des ravageurs de coloniser d’autres arbres.

 

Exemple de ravageur : le scolyte

Ce petit insecte, de la famille des coléoptères, fait des ravages dans les forêts du Grand-Est de la France et dans d’autres pays. Ils attaquent principalement les épicéas ainsi que les pins. Se nourrissant de la sève et du bois, les scolytes creusent des galeries dans le tronc et se multiplient. L’arbre infecté dépérit peu à peu. Les scolytes attaquent ensuite le reste du peuplement. Le changement climatique est le vecteur de la propagation des scolytes : des hivers pas assez froids pour tuer la majorité des larves et des canicules stimulant la reproduction des insectes. Hervé Jactel, entomologiste à l’UMR Biogeco à Bordeaux, explique que « 1 degré de plus, c’est une génération de plus, soit 100 fois plus d’insectes ». Alors comment limiter le fléau ? Les galeries sont presque invisibles à l'œil nu ce qui rend ardu le repérage d’arbres infectés. L’Office National des Forêts fait régulièrement des inspections dans les forêts pour repérer et abattre les arbres au moindre signe d’infection. Plus vite les galeries de scolytes sont détectées et moindres seront les dégâts occasionnés.

 

Exemple de maladie : le sphaeropsis des pins

Depuis l’été 2017, le sphaeropsis des pins est un champignon endophyte. Il cause des dégâts importants dans les pinèdes ayant souffert du stress hydrique les années précédentes. Le Sud-ouest français est particulièrement touché. Ce champignon n’est pas nocif pour les pins en temps normal, il se contente de coloniser certains tissus de l’arbre sans provoquer de dépérissement. Or, en période de stress hydrique, il devient pathogène. Les premiers symptômes sont le rougissement des aiguilles et le dessèchement des parties aériennes. Infectés sur plus de 50 % de leur surface, les pins sont alors condamnés. Tous les pins ne sont pas tous sensibles à la présence de ce champignon. Il colonise surtout sur le pin sylvestre et le pin noir.

 

Des champignons peuvent favoriser la survie des arbres

Tous les champignons ne sont pas nocifs. Certains appelés mycorhiziens ont développé une relation symbiotique avec l’arbre. Ils se lient aux racines de l’arbre et transfèrent des nutriments que l’arbre n’est pas capable d’assimiler du moins en grande quantité. En retour, l’arbre fournit au champignon des produits issus de la photosynthèse. Une étude suisse a mis en évidence le phénomène d’adaptation du champignon mycorhizien Cenococcum geophilum chargé de répondre aux besoins hydriques de son arbre-hôte. En cas de sécheresse, le champignon modifie ses canaux hydriques pour fournir davantage d’eau à l’arbre. Ce champignon n’est qu’un exemple de l’incroyable capacité d’adaptation de la nature !