MyTree - 20/06/2022

Le retour des pollinisateurs avec la haie mellifère

L’importance des insectes pollinisateurs dans les productions agricoles n’est plus à prouver. Pas moins de 80% des cultures mondiales dépendent des insectes pollinisateurs. Soucieux du déclin brutal de leur population au cours de ces dernières dizaines d’années, des agriculteurs plantent des haies pour favoriser l’accueil de ces insectes essentiels sur leurs exploitations.

 

Les grandes familles de pollinisateurs

Ils bourdonnent, ils butinent, ils piquent parfois ! Les pollinisateurs sont les garants d’une biodiversité riche et de notre sécurité alimentaire. Les pollinisateurs sont des insectes primordiaux pour la reproduction des plantes. Si certaines plantes sont pollinisées par le vent (plantes anémogames), la plupart d'entre elles le sont par les insectes (plantes entomogames) qui viennent butiner pour se nourrir en transportant du pollen d'une fleur à une autre. Parmi eux, on retrouve principalement 4 groupes d'insectes : les lépidoptères (le nom savant des papillons), les hyménoptères et les coléoptères. Chaque groupe distinct par leur morphologie est spécialisé dans la pollinisation d’un certain type de fleur.
 
Les lépidoptères, le nom savant des papillons, sont sans doute les insectes les plus esthétiques en raison de leurs couleurs chatoyantes. On distingue les papillons de jour et ceux de nuit. Un signe distinctif pour les séparer est la forme des antennes, ceux des papillons de nuit ont la forme d’une massue. Éphémère, la durée de vie des papillons est de quelques heures à quelques jours. Profitons donc du printemps et de l’été pour oberver ces insectes dans vos jardins, le premier papillon annonciateur du printemps est le Citron qui tire son nom de sa joli couleur jaune acidulé. 
 
Les hyménoptères, dont le nom signifie “ailes membraneuses”, se caractérisent par 4 ailes qui d’apparence semblent être au nombre de 2. Les hyménoptères les plus connus sont les bourdons, guêpes, abeilles et les fourmis. Certains, équipés de dards, l’utilisent seulement en cas de danger. Si jamais une guêpe s’approche de vous, la meilleure technique est d’ éviter les mouvements brusques et de s’éloigner. Vos tentatives de l’écraser ne feront qu'augmenter son agressivité. Leurs corps recouverts de poils permettent de recueillir le pollen et de le disperser à d’autres plantes. Un des ordres d’insectes les plus nombreux sur la planète, les scientifiques ont identifié pas moins de 120 000 espèces !
 
Les coléoptères, à eux seuls, représentent un tiers des insectes avec près de 300 000 espèces décrites. Les plus connus en France sont les coccinelles, les bousiers et les carabes. Régime alimentaire, taille, durée de vie sont autant de critères variant selon les espèces. Bien qu'utile à la biodiversité, une minorité est nuisible aux cultures, la doryphore est d’ailleurs friande des pommes de terres. 
 
Les diptères sont représentés principalement par les mouches, moustiques et les syrphes. Ces derniers peuvent être confondus avec de minuscules guêpes. Munis d’une trompe comme les lépidoptères, les diptères se nourrissent de pollen et de nectar. Les diptères sont les mal-aimés de ces catégories (qui n’a jamais maudit les piqûres de moustiques ?) ils n’en sont pas moins des chaînons indispensables à la biodiversité. Les petites fleurs sont d’ailleurs davantage pollinisées par les diptères que d’autres insectes.
 
 

Les pollinisateurs: atout pour l'agriculture

85% des plantes à fleurs sont pollinisées par des insectes sauvages, le reste est à la charge des abeilles domestiques. Mais le rôle des pollinisateurs ne s’arrête pas à la pollinisation des plantes, puisqu'ils assurent un rôle de production alimentaire et sont un atout pour le maintien de la biodiversité. S’ajoute à cela le rôle de lutte contre les ravageurs. 
 
Un exemple parmi tant d’autres est le groupe de hyménoptères parasitoïdes. Ces derniers, plus particulièrement l’hyménoptère térébrant, participent grandement à la régulation des pucerons qui ravagent bon nombre de cultures. Leur mode d’opération est aussi efficace qu’horrifique. Âmes sensibles s'abstenir. Les femelles pondent leurs œufs dans le corps du puceron, les larves se développent et entraînent la mort de l’hôte (le puceron). Les larves percent alors le corps momifié du puceron pour coloniser ses autres congénères. Mai et juin sont les pics de parasitisme où les femelles peuvent pondre jusqu’à 500 œufs qui eux-mêmes deviendront adultes en seulement 15 jours !
 
La préservation des pollinisateurs est donc essentielle dans tout système agricole durable. La protection des pollinisateurs doit d’étendre à chaque espèce puisque certaines plantes sont intrinsèquement dépendantes d’une espèce. D’autres insectes sont généralistes et pollinisent un large éventail de fleurs, c’est le cas des syrphes et des abeilles. 
 
 

Les pollinisateurs en déclin

Cependant, en trente ans, plus de 75 % de la biomasse des insectes volants a disparu en Europe. En 2016, l’IPBES publie une étude affirmant que 40% des pollinisateurs sont en voie d’extinction. On constate dans plus de 4 continents une diminution significative des populations de pollinisateurs. Ce déclin est multi-factoriel : intensification de l'agriculture, prédation par le frelon asiatique, utilisation de produits chimiques, dégradation et disparition des habitats, changement climatique, etc.
 
Le chute de population des pollinisateurs et leur rôle prépondérant dans l’équilibre des écosystèmes sont des questions de plus en plus présentes dans les consciences collectives. A l'échelle mondiale et nationale, de nombreux programmes de recherche et de financement se mettent en place. À l'échelle locale, des agriculteurs proposent de planter des haies pour leur offrir un refuge où ils pourront s’y nourrir et s’y abriter. 
 
 

La haie mellifère pour accueillir les populations de pollinisateurs

Afin d’attirer les pollinisateurs aux abords de leurs cultures, les agriculteurs n’hésitent pas à aménager leur exploitation en y installant des refuges de biodiversité. Les haies, en particulier, peuvent offrir à ces butineurs un refuge et des ressources essentielles à leur survie : pollen et nectar de fleurs pour leur alimentation ; fibres naturelles pour la construction des nids ; plantes hôtes pour les larves, refuge pour les nids souvent situé dans le sol. Mais toutes les haies ne se valent pas. Les pollinisateurs sont exigeants et nécessitent un environnement riche et diversifié.
 
La haie mellifère est la plus adaptée pour accueillir le cortège d’insectes.  Un arbre ou un arbuste mellifère est une plante produisant du nectar dont raffolent les butineurs. Plantées près de parcelles agricoles, elles peuvent accueillir les pollinisateurs tout au long de l’année si les essences choisies le permettent. La plantation d’au moins 6 essences différentes de plantes pollinifères et nectarifères, réparties entre les périodes de floraison précoce (mars-avril) et tardive (septembre-octobre) est essentielle afin d’assurer aux pollinisateurs un accès à des ressources alimentaires prolongé de mars à octobre. Ces essences doivent être de préférence locales pour être adaptées aux butineurs locaux, à l’inverse des plantes exotiques qui peuvent s'avérer toxiques pour les pollinisateurs et devenir invasives. Dans l’Aude, une apicultrice plante des haies mellifères comportant jusqu’à 20 essences locales : l’Érable de Montpellier, le Pistachier, le Prunellier, le Cornouiller, l'Amandier, le Figuier, le Cerisier de sainte Lucie, l'Olivier, le Frêne à fleurs, l'Arbre à miel, etc. Soucieuse du confort de ces précieux auxiliaires, elle a respecté certains principes généraux dans l’implantation et l’entretien de sa haie pour leur offrir des habitats adaptés.
 
La structuration d’une haie mellifère sur trois hauteurs différentes offre des abris variés aux différentes espèces de pollinisateurs. Les essences buissonnantes se développeront près du sol, les essences arbustives sont intermédiaires tandis que les essences arborescentes grandiront jusqu’au sommet de la haie. Enfin, la protection des pollinisateurs passe aussi par l’utilisation raisonnée de produits respectant la biodiversité présente. L’emploi de produits chimiques dans l’entretien de sa haie ou des cultures avoisinantes est donc à proscrire ou limiter le plus possible. Une haie mellifère contaminée par les pesticides et les engrais chimiques concentre alors des toxines pouvant entraîner la mort des pollinisateurs. 
 
Il est urgent d’agir pour la préservation et le maintien des populations de pollinisateurs et les agriculteurs l’ont bien compris. En plantant des haies mellifères, ils s’assurent une biodiversité riche où le pollinisateur est au cœur de l’agro-écosystème. SI vous êtes un particulier, vous pouvez agir à votre échelle en soutenant un projet de haie mellifère que propose MyTree, en plantant des essences mellifères dans votre jardin ou même en construisant un hôtel à insectes !